The Book of Fish : un film avec un cœur et une âme

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Lee Joon-Ik, maître des films d’époque, nous transporte une fois de plus dans un incroyable voyage dans son dernier film The Book of Fish. L’intrigue se déroule au XIXème siècle, pendant l’ère Joseon, et dépeint l’amitié improbable qui va se développer entre un érudit en exil et un jeune pêcheur sur une île isolée.

Sorti au cinéma en Corée du Sud en mars 2021, ce film -qui a été un succès instantané- a remporté de nombreuses récompenses, dont le Grand Prix du 57ème Baeksang Arts Awards, et a été présenté dans plusieurs festivals prestigieux tels que le 20ème Festival international du film de Busan et, plus récemment, le Festival du film coréen de Londres (du 4 au 19 novembre 2021). J’étais donc impatiente de le découvrir sur grand écran dans la capitale anglaise.

Avis sur une œuvre d’art exceptionelle

The Book of Fish a été une révélation pour moi. Il est beau, touchant et poétique dans sa cinématographie ; dramatique et honnête dans son scénario ; profond et significatif dans la représentation de ses personnages. Dans l’ensemble, la réalisation est efficace et exquise. Le film a su me déconnecter complètement du monde extérieur pendant toute sa durée, qui est de 126 minutes. Je n’étais plus une spectatrice, mais une villageoise sur l’île de Heuksando au début du XIXème siècle aux côtés de Jeong Yak-Jeon, Chang-Dae et des autres personnages. J’apprenais à travers eux, je voyais et comprenais leurs difficultés, leurs joies ainsi que les usages et les événements majeurs de leur société et de leur époque. Je me suis immergée dans ce qui semblait être une peinture à l’encre de la fin de l’ère Joseon. En effet, l’utilisation du noir et blanc, aux tons presque argentés, dans tout le film est une belle façon de faire remonter le public dans le temps en restant fidèle à la culture et aux traditions coréennes. La seule touche de couleur est un oiseau bleu qui s’envole de son nid alors que les vagues s’écrasent sur les rochers. Un exemple de la majesté et de la poésie de ce film.

Malgré le contexte historique sérieux, le réalisateur Lee Joon-Ik est parvenu néanmoins à apporter de la légèreté en y ajoutant de l’humour, agrémenté par le talent des acteurs.

THE BOOK OF FISH, l’acteur Sol Kyung-Gu (London Korean Film Festival 2021) Libre de droits

Seol Kyung-Gu (qui incarne Jeong Yak-Jeon) est l’un des plus respectés de Corée du Sud et son talent n’est plus à prouver. À l’âge de 54 ans, Seol Kyung-Gu est apparu dans de nombreuses productions théâtrales avant de passer aux longs métrages.

Parmi sa longue filmographie, on retrouve des succès tels que Peppermint Candy (2000), Public Enemy (2002), No Mercy (2010) ou encore My Dictator (2014). Dans The Book of Fish, on le retrouve une fois de plus en tant que protagoniste fort, grâce à son interprétation naturelle d’un homme très sage, qui dévoile des côtés amusants et touchants auxquels on ne s’attend pas.

Byun Yo-Han joue le rôle du jeune pêcheur Chang-Dae. Son approche honnête, réaliste et dynamique du personnage a séduit le public qui était impatient de le retrouver à l’écran après une interruption de deux ans de sa carrière d’acteur. L’artiste de 35 ans est devenu populaire après avoir décroché un rôle dans la série de 2014 intitulée Misaeng, aux côtés de Im Si-Wan et Lee Sung-Min du groupe ZE:A.

Il avait plus tard joué dans des dramas tels que Six Flying Dragons (2015), Ex-Girlfriend Club (2015) ainsi que dans le grand succès qu’a été Mr. Sunshine (2018).

Byun Yo-Han est très actif au cinéma, décrochant des rôles dans Socialphobia (2015), Will you be there ? (2016) et On the line (2021).

Une alchimie sur le plateau et à l’écran 

THE BOOK OF FISH, les acteurs Sol Kyung-Gu and Byun Yo-Han (London Korean Film Festival 2021) Libre de droits

Les deux acteurs principaux ont partagé une belle et profonde connexion sur le plateau, qui se ressent véritablement à travers l’écran et qui sert bien le propos du film.

« Je me suis beaucoup inspiré de lui. Il ne regarde même pas le script lorsqu’il est sur le plateau. Il a déjà tout mémorisé. Avec cette énergie, il reste plus détendu et, avec cet esprit détendu, il s’occupe des jeunes acteurs. Il est impossible de ne pas avoir d’atomes crochus avec lui », a déclaré Byun Yo-Han à propos de son aîné lors d’une interview accordée à Ilgan Sports, une filiale du Korea JoongAng Daily.

À propos du reste du casting, (comme Lee Jung-Eun de Parasite ou Min Do-Hee de Reply 1994) qui ajoute tant de couleur (pas littéralement bien sûr !) au film, il a ajouté : « Chaque personnage était très chaleureux. Il y a eu des moments déconcertants, mais nous n’avons jamais cessé de rire. Ces émotions mystiques et complexes, partagées par tous les acteurs et l’équipe ont vraiment marqué mon cœur. »

À cause des différences de classe sociale et d’idéologie entre l’érudit Jeong Yak-Jeon et le pêcheur Chang-Dae, les deux personnages principaux, ceux-ci se retrouvent au départ confrontés à des points de vue opposés, qui symbolisent les heurts de la société coréenne à cette époque : Chang-Dae est un fervent défenseur du confucianisme tandis que Jeong Yak-Jeon est pour l’acceptation des principes occidentaux et du catholicisme. En effet, le film se déroule pendant la persécution catholique de 1801, sous le règne du roi Sunjo, lors de l’ère Joseon. Mais à mesure que le temps passe et que les deux hommes apprennent l’un de l’autre, ils finissent par nouer une solide amitié et la vision du monde de Chang-Dae commence à changer.

Cette amitié débute par le fait que les deux hommes concluent un marché : Jeong Yak-Jeon partagera son savoir avec Chang-Dae, qui est avide d’apprendre, et le jeune homme lui enseignera en retour tout ce qu’il sait sur la vie marine afin d’écrire un livre à ce sujet. 

THE BOOK OF FISH, l’acteur Byun Yo-Han (London Korean Film Festival 2021) Libre de droits

Histoire VS fiction 

Dans la réalité, le personnage historique de Jeong Yak-Jeon est éclipsé par son célèbre frère cadet Jeong Yak-Yong. Cependant, le réalisateur Lee Joon-Ik a décidé de se concentrer sur l’aîné en raison de la curiosité de l’homme pour la nature, « ce qui était quelque chose qui manquait aux aristocrates de l’ère Joseon », ajoute-t-il. Si peu de personnages sont des figures réelles, certains, comme Chang-Dae, ont dû être partiellement imaginés. Comme il est expliqué au début du film, toute l’histoire est basée sur la préface de « Jasan Eobo » (le titre littéral du film) ou « atlas coréen des poissons », dans laquelle l’érudit mentionne brièvement un jeune pêcheur nommé Chang-Dae qui l’a aidé à écrire le livre. Le réalisateur a déclaré : « Il n’y avait pas beaucoup de détails sur lui, j’ai donc dû créer une histoire fictive pour ce personnage. Dans ce film, je voulais me concentrer sur la vie des individus plutôt que d’informer le public sur le contexte historique à travers l’histoire d’une bataille ou d’un héros. »

L’intérêt du réalisateur pour les intrigues historiques est rendu évident par des films tels que Once Upon a Time in a Battlefield (2003), Le Roi et le Clown (2005), qui a fait 10 millions d’entrées, The Throne (2012) ou, également réalisé en noir et blanc, Dong-Ju : The Portrait of a Poet (2016).

Lee Joon-Ik est véritablement un maître dans son art, nous offrant des films aux intrigues honnêtes, aux histoires émouvantes et aux visuels exceptionnels. The Book of Fish témoigne une fois de plus de son talent et je ne peux que remercier le réalisateur, les acteurs et l’équipe pour nous avoir offert cette belle œuvre d’art.

THE BOOK OF FISH, les acteurs Byun Yo-Han et Min Do-Hee (London Korean Film Festival 2021) libre de droits

Qu’en ont dit et pensé les Londoniens ?

Tout au long de la projection, j’entendais et sentais le public réagir avec enthousiasme aux différentes scènes. À la sortie de la salle, je leur ai demandé quelles étaient leurs impressions sur le film, et je n’ai pu m’empêcher de sourire devant toutes les critiques positives qu’ils ont partagées avec moi :

« Je n’y serais pas allé tout seul, c’est ma sœur qui m’a amené au cinéma mais je ne le regrette pas. J’ai vraiment aimé le film. L’histoire était profonde, j’étais vraiment immergé dedans. Le jeu des acteurs était vraiment bon aussi, je recommande. » Loïc, 22 ans.

« Je suis allé voir The Book of Fish parce que j’aime beaucoup le réalisateur et ses films précédents, qui sont souvent des films historiques. C’est vraiment intéressant. Une excellente cinématographie en noir et blanc, de beaux paysages ; l’île, la mer ; de bons acteurs et messages philosophiques. » Viktor, 31 ans.

« Ce film était très bien fait et avait un bon message » Katie, 44 ans.  

THE BOOK OF FISH, l’acteur Byun Yo-Han (London Korean Film Festival 2021) Libre de droits

N’attendez pas plus et allez (re)découvrir The Book of Fish pour vivre une expérience cinématographique exceptionnelle.

Regardez sa bande annonce ici

London Korean Film Festival 2021, libre de droits

Marion Pichardie

Fondatrice de Bokjoo Nabi

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